On commence par présenter l’auteure que je ne connaissais pas
et que j’ai eu le plaisir de découvrir suite à un envoi presse des éditions Abstractions.
La sortie est récente : le 12 septembre 2025 alors penchons nous vite dessus !
Qui est Dot Pierson ?
Dot Pierson est une artiste multidisciplinaire : écrivain·e (autrice), metteuse en scène, musicienne… bref, une personne dont la créativité déborde des cadres classiques
Son travail se concentre sur l’intime, le corps, les relations humaines, la féminité — ou plutôt les féminités — et la manière dont on exerce sa liberté.
Par exemple, dans son livre Douze : petit précis de pornographie, elle décrit « la vie et le parcours sexuel d’une femme en douze rencontres et situations qui n’ont rien de commun » — un texte qui revendique clairement l’érotisme féminin et la sexualité positive
Son style et ses thèmes
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Viscéral et direct : Son écriture ne tourne pas autour du pot. Elle parle de corps, de désirs, de conflits intérieurs avec une certaine crudité assumée mais aussi avec finesse.
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Féminisme assumé : Elle a déclaré « Mon féminisme, c’est d’avoir une sexualité conquérante et libre. » Éditions l’Allumette Cette phrase parle d’elle-même : la liberté de la femme n’est pas seulement dans ce qu’elle fait, mais dans la façon dont elle vit, désire, s’empare de son corps et de ses choix.
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Croisement des arts : Musique, scène, podcast, théâtre immersif… Elle ne s’en tient pas à un simple “roman” ou “nouvelle”. On la retrouve aussi dans des formes expérimentales.
Quelques jalons de sa carrière
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Douze : petit précis de pornographie (2019) — un texte audacieux qui trace une portion de vie, façon “chronique intime”, d’une femme à travers ses rencontres, son corps, sa liberté.
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Héroïne (2025) — comme on a parlé avant, ce roman avec Anna, 89 ans, ancienne gloire, qui décide de mourir à sa façon. Un bond générationnel et thématique qui montre l’amplitude de l’engagement de l’autrice.
Pourquoi je trouve son œuvre importante
Parce qu’elle bouscule. Parce qu’elle donne une parole aux corps féminins — ou “féminisés” — dans leur puissance, leur vulnérabilité, leur capacité à décider.
Et elle refuse l’idée que vieillir, désirer, oser soient des choses qu’on “tient silencieusement”.
Elle rappelle que l’intime n’est pas “anecdotique” : il est politique, social, artistique.
Elle unit sensualité et réflexion.
Et ça, dans le paysage littéraire, ça fait du bien.
Un mot d’avertissement
Son style peut ne pas convenir à tout le monde : pour celles et ceux qui préfèrent une plume “douce” ou un propos léger sans ressaut, l’approche peut sembler directe, parfois brute.
Mais c’est aussi ce qui fait sa force.
Si vous avez des sensibilités vis-à-vis de la sexualité explicite, de la représentation sans filtre de la vieillesse ou du corps — gardez à l’esprit que Dot Pierson n’épargne rien, mais elle le fait avec un esprit, une langue, une vérité.
Focus sur le roman Héroïne
Et si l’héroïne de votre prochaine lecture avait 89 ans, une répartie flamboyante et une bonne dose d’insolence ? “Héroïne” de Dot Pierson propose justement cette rencontre hors du commun avec Anna, ancienne star de la chanson et du cinéma, toujours prête à faire un dernier pied de nez à la vie.
Une chute, un col du fémur cassé et voilà la diva propulsée dans un EHPAD où elle doit se confronter au vieillissement et à un verdict médical sans appel : il ne lui reste que peu de temps à vivre .
Oui, le point de départ pourrait sembler tragique.
Et pourtant ce roman taille sa propre trajectoire, entre humour noir, fougue et poésie profonde.
En effet Anna refuse d’être réduite à un lit médicalisé : elle veut mourir en choisissant le scénario, la mise en scène et même la lumière si possible.
Et elle décide donc de prendre sa fin en main, avec autant de panache qu’elle a mis à vivre .
Le roman explore aussi les thèmes de la fin de vie, de l’autonomie et de la dignité.
Est-ce que mourir peut encore être une affirmation de soi ?
Est-ce que refuser la résignation, même sur la dernière marche, est un acte féministe ?
La question est subtile et terriblement actuelle : notre société préfère souvent que les personnes âgées soient discrètes, douces, invisibles. Anna, elle, veut continuer à exister fort, bruyamment, “jusqu’au dernier souffle”.
Mon avis sur le roman Héroïne
Ce qui rend “Héroïne” touchant, c’est cette façon de mêler grandeur et fragilité.
Une ancienne diva qui s’accroche à sa flamboyance pourrait prêter à sourire… sauf qu’il y a là l’histoire de toute une vie.
Une vie qui n’a pas été sage, qui n’a pas été linéaire, qui a brûlé par les deux bouts.
Une vie que l’on respecte sans conditions.
Les lecteur·rice·s qui aiment qu’un roman fasse réfléchir en même temps qu’il pique un peu le cœur trouveront ici une pépite : ce n’est jamais larmoyant, jamais mièvre.
C’est une histoire qui pose des questions vraies et nécessaires.
Que veut-on laisser derrière soi ? À quel moment la liberté cesse-t-elle ?
Qu’est-ce que vieillir sans renoncer à ce que l’on a été ?
Dans ce livre, il y a un message fort : tant qu’on peut décider, tant qu’on peut aimer, tant qu’on peut rire de l’absurdité de la condition humaine, alors la vie a encore de la place, même dans un couloir d’EHPAD.
Si vous aimez les récits qui décoiffent les idées reçues, qui vous accrochent par leur personnage central, vous allez adorer suivre Anna dans sa dernière aventure.
“Héroïne”, c’est un roman qui chante la liberté, même quand les projecteurs s’éteignent.
Une belle manière de rappeler que personne ne devrait tirer sa révérence sans avoir droit à son dernier éclat.
En résumé, c’est fluide, c’est beau, allez y si le thème vous parle !













