Industrie de la musique – A qui profite le crime?

“À cause du pillage de l’industrie du disque, les tournées sont devenues extrêmement difficiles. C’est dangereux et inacceptable.”

— Shirley Manson (Garbage), 2025

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Le rêve brisé du live

Avant, quand j’ai commencé à trainer dans le monde de la musique, aller à un concert,

c’était vivre un moment de partagé entre fans de musique tout simplement.
C’était la sueur, le bruit, la proximité. C’était sentir une énergie brute, humaine, irréductible.
Aujourd’hui, cette magie s’effrite. Les concerts sont devenus de simples produits financiers.

Les fans sont des clients. Et très dangreux, les artistes sont devenus des prestataires.
Et derrière cette marchandisation : deux noms, Live Nation et Ticketmaster, un duo de l’enfer

(et pas dans le sens sympa) qui a transformé la passion en business et la culture en spéculation.

Vous inquitez pas on parlera du streaming dans pas longtemps !

D’ailleurs big up à Pénitence Onirique !

Le règne du monopole

Depuis leur fusion en 2010, Live Nation Entertainment contrôle presque tout :

  • la production de concerts,

  • la gestion des tournées,

  • la billetterie (via Ticketmaster),

  • les salles,

  • et parfois même les artistes eux-mêmes.

Un empire vertical sans équivalent.
80 % du marché américain du live leur appartient.
Et dans les faits, ils dictent les règles du jeu mondial.

Cette domination absolue a transformé le concert en gouffre financier pour le public

et en champ miné pour les musiciens bien sûr comme ça on sait direct à qui profite le crime….

Ticketmaster : quand la passion est un produit financier

Le scandale le plus visible, c’est Ticketmaster.
Files d’attente numériques interminables, bugs à répétition, billets envolés en quelques secondes pour réapparaître quelques instants plus tard à des prix multipliés par dix.
Lors de la prévente de la tournée d’Ariana Grande, en septembre 2025,

plus d’un million de fans ont été bloqués dans une file d’attente virtuelle avant que les concerts n’affichent complet.
Et quelques minutes plus tard, les mêmes billets se retrouvaient en revente à 200 000 dollars sur certains sites affiliés.

Et le pire ? Ticketmaster le savait.
Des robots (“bots”) achètent massivement des billets, la plateforme ferme les yeux — parfois même, selon plusieurs enquêtes, favorise cette spéculation pour encaisser sa part.

Entre 2019 et 2024, Ticketmaster aurait ainsi engrangé 16,4 milliards de dollars de “frais cachés”.

Classe non ?

Le système en procès

Ce modèle de “libre marché” a fini par exploser.
En septembre 2025, la Federal Trade Commission (FTC) et sept États américains ont décidé d’attaquer en justice Live Nation et Ticketmaster.
L’objectif : casser le monopole, encadrer les prix et mettre fin à la spéculation algorithmique.

Les réformes proposées incluent :

  • l’obligation d’afficher le prix final dès le départ,

  • plafonnement des frais de service,

  • la limitation des achats multiples,

  • et même la mise en place d’un tirage au sort, comme pour les Jeux olympiques, afin de garantir un accès équitable.

Mais en attendant ces hypothétiques changements, le mal est fait : ce qui était un bien culturel populaire est devenu un produit de luxe.

Il y a qu’à regarder les tarifs mis en place pour le concert des Deftones en janvier 2026 ou celui de SOAD au stade de France.

En gros on peut faire un concert dans l’année et après on se serre la ceinture

mais ce système va faire mourir les petites associations et surtout tuer la découverte et les artistes émergénts….

L’indécence de Michael Rapino : “Les billets ne sont pas assez chers”

Dans ce contexte explosif, la déclaration du PDG de Live Nation, Michael Rapino, a mis le feu aux poudres.
Lors d’une conférence CNBC, il a osé affirmer :

« Le prix des billets de concert n’est pas assez élevé. »

Pour lui, les concerts seraient “sous-évalués” par rapport aux événements sportifs :

« Le prix moyen d’un concert est de 72 dollars. Essayez d’aller voir un match des Lakers pour ce prix-là ! »

Un raisonnement d’actionnaire, pas d’amoureux de musique.
Comparer un concert à un match de NBA, c’est nier la nature même du spectacle vivant.
Ce n’est pas une compétition, c’est une rencontre humaine.
Et pendant que Rapino justifie des hausses de prix, des milliers de fans renoncent à voir leurs artistes préférés — ou s’endettent pour quelques heures d’émotion.

Et on est toujours dans la logique d’étouffement des petits artistes, des nouvelles générations,

des indépendants etc… De tout ce qui ne rentre pas dans ce capitalisme.

N’oublions jamais :

Outre-Atlantique, la situation est encore plus critique : voir Beyoncé à Paris revenait parfois moins cher aux Américains, billet d’avion inclus, que de l’écouter chanter dans leur propre pays.

Shirley Manson, le cri d’alarme des artistes

Face à cette marchandisation, certaines voix refusent de se taire.
Lors d’un concert à Washington, Shirley Manson, chanteuse du groupe Garbage, a livré un témoignage bouleversant :

« À cause du pillage de l’industrie du disque, les tournées sont devenues extrêmement difficiles. Les jeunes groupes dorment dans leurs vans, parfois dans des motels douteux. C’est dangereux et inacceptable. »

Garbage a décidé d’arrêter les grandes tournées américaines.
Une décision lourde, symbolique, mais révélatrice : même les artistes établis n’y arrivent plus.
Et pour les jeunes musiciens, c’est encore pire.
Le streaming paie des miettes, les tournées coûtent une fortune, et les labels ne soutiennent plus que ceux qui garantissent un “retour sur investissement”.

Ce n’est plus de la musique.
C’est uniquement de la finance et à ce rythme là le public y perd beaucoup croyez moi !

Le mensonge de la “croissance”

Les géants de l’industrie répètent en boucle que “la musique n’a jamais été aussi florissante”.
Les chiffres leur donnent raison : selon Goldman Sachs, les revenus du live devraient croître de 7,2 % par an d’ici 2030.
Mais cette “croissance” ne profite qu’à une poignée d’acteurs : Live Nation, Universal, Warner, Spotify…
Les artistes indépendants, eux, n’en voient pas la couleur.

C’est un peu comme dire que “l’agriculture se porte bien” parce que Monsanto fait des bénéfices record

pendant que les petits producteurs eux meurent à coté.

photo ambiance

Le fan captif, le musicien épuisé

Le public, lui, se retrouve pris en étau.
Entre billets inaccessibles, plateformes spéculatives, et “frais de service” opaques, l’expérience du live est devenue un parcours du combattant.
Les fans paient plus, les artistes gagnent moins, et les seuls à s’enrichir sont ceux qui n’ont jamais écrit une note de musique.

La situation est d’autant plus tragique qu’elle détruit la base même de la musique : le lien.
Le concert n’est plus une rencontre entre un public et un artiste, mais une transaction entre un client et un algorithme.

Résister : reprendre la musique des mains des géants

Il est temps de dire stop.
>Stop à l’industrie qui transforme la culture en produit spéculatif.
>Stop à Live Nation et Ticketmaster qui se nourrissent de notre passion pour la musique.
>Stop à ces PDG qui n’ont jamais touché une guitare mais décident du prix de notre émotion.

Le pouvoir du changement est entre nos mains.
👉 Allons dans les petits concerts.
👉 Soutenons les scènes locales, les bars musicaux, les festivals indépendants.
👉 Achetons directement aux labels indépendants ou aux artistes.
👉 Écoutons et relayons les médias indépendants qui font vivre une culture libre.

Chaque billet acheté en dehors du circuit Live Nation est un acte de résistance.
Chaque partage d’un groupe émergent est un pas vers un écosystème plus juste.

concert

“Ils tueront la musique, à moins qu’on les arrête”

Si rien ne change, ces géants finiront par tuer ce qu’ils prétendent servir.
Leur modèle n’est pas durable : il exclut les pauvres, écrase les artistes, aseptise la création.
Il ne reste alors qu’un simulacre de culture, calibré, cher et vide.

Mais la musique ne leur appartient pas.
Elle appartient à celles et ceux qui la font vivre, chaque soir, dans des caves, des MJC, des cafés, des festivals bricolés avec passion.

La vraie musique n’est pas dans les chiffres de Live Nation.
Elle est dans un accord qui déraille, une voix qui tremble, une salle qui vibre.
Elle est vivante — pour peu qu’on la défende.

Conclusion : reprendre le pouvoir

L’industrie musicale actuelle n’a pas de crise de rentabilité, clairement car certains s’enrichissent.
Mais elle a bel et bien une crise d’âme.
Et c’est à nous, auditeurs, fans, musiciens, médias indépendants, de la guérir.

Ne laissons pas les PDG décider de la valeur de la musique.
Ne laissons pas les algorithmes choisir nos émotions.
Et surtout, ne les laissons pas tuer ce qui fait de la musique un art : sa liberté.

La révolution musicale ne viendra pas des grandes salles ni des applications de streaming.
Elle naîtra dans les petits lieux, les collectifs, les labels libres — là où la musique respire encore.

 

Evidemment je prêche pour ma paroisse, car oui je suis bénévole dans un label indépendant

et je suis également bénévole dans une asso qui monte des concerts indépendants

mais je vois bien ce qui se trame et ça me fait peur.

Voir des grosses machines engranger de l’argent à plus savoir qu’en faire pendant que des assos

ou des fests indépendants meurent, ça me fait mal tout simplement.

 

Et vous, vous en pensez quoi de tout cela ?