Metal au féminin : fissurer le boys club

Le metal revendique la rébellion, mais il reste encore largement dominé par les hommes.

Festivals, scènes, médias : les femmes doivent à la fois exceller et tolérer un sexisme latent.

Un monde d’hommes… toujours et encore même en 2025

Voici des données chiffrées pour comprendre pourquoi j’insiste sur les femmes dans le metal

et leur faible représentation.

• Une étude de Pitchfork en 2018 montrait qu’à peine 19 % des groupes à festival étaient composés uniquement de femmes Teen Vogue.

• En 2024, une analyse des plus gros festivals UK révèle que 63 % des artistes programmés sont des hommes, contre seulement 21 % de femmes, soit un ratio de 1 femme pour 3 hommes euronews.

• À l’échelle mondiale, la plateforme female:pressure (FACTS) rapporte qu’en 2020–2021, 27 % des artistes en festival étaient des femmes (contre 9 % dix ans plus tôt) EDM.

• Pire : en 2022 au Royaume-Uni, seulement 13 % des têtes d’affiche des festivals étaient féminines Louder.

J’ai cherché des données et des analyses plus fouinées en France mais il y a peu de résultats

et d’études donc soit le sujet n’interresse pas, soit personne ne s’est penché sur la question ce qui pose encore une fois la question du boy’s club chez nous….

Pionnières obligées – Doro & Cristina Scabbia

Doro Pesch : persister malgré tout

Elle est la survivante d’un monde où une femme chanteuse de metal était une anomalie, souvent reléguée à “beauty quota”. Quarante ans plus tard, elle reste une figure inamovible.

« J’ai grandi en la voyant comme un poster sexy. Aujourd’hui, je la vois comme la reine qui a survécu à tous les boys clubs du métal. »  Cette citation vient d’un spectateur au Wacken Open Air….

Cristina Scabbia : crédibilité contre cliché

Chanteuse emblématique de Lacuna Coil, Cristina s’est régulièrement battue contre les réductions esthétiques que l’on lui imposait.

« Je ne suis pas une femme dans un groupe de mecs. Je suis la chanteuse de Lacuna Coil. »
— Cristina Scabbia

Formidable de devoir se justifier n’est ce pas ?

Aujourd’hui : les leaders sous le feu

Alissa White-Gluz – empowerment et growl

Arrivée dans Arch Enemy en 2014, Alissa a brisé la barrière du « choisie pour son physique ».

Aujourd’hui, elle incarne rage, engagement et technique vocale.

« On m’a dit que je devais choisir entre être jolie et être respectée. J’ai choisi d’être moi-même. »

Photo Run to The Pict – Hellfest 2023

Courtney LaPlante – fragilité et punchlines

Avec Spiritbox, elle défie les archétypes : émotionnelle, puissante, impertinente.

En 2025, elle participe au titre “End Of You” avec Amy Lee & Poppy — une vitrine féminine sans concession.

« Si c’étaient trois mecs, on parlerait d’alliance des titans. Là, certains disent encore que c’est un gimmick. »

Se justifier encore et toujours, la fatigue….

La relève insolente : Delilah Bon & Nova Twins

Delilah Bon – rap-metal féministe

La voix de la rage, l’appel à sortir des fosses corsetées, avec style et colère.

« Quand elle hurle “I Don’t Listen To You”, t’as envie d’envoyer un SMS à tous tes ex. »

Et son dead men don’t rape est mythique, elle tourne peu, c’est une artiste indépendante, il faut absolument la faire connaitre !

Nova Twins – hybridité et visibilité noire

Punk, grime, metal — elles refusent les cases.

Leur nomination au Mercury Prize prouve que diversité rime avec crédibilité.

On a eu la chance de les rencontrer et de les interviewer en 2019 pour le blog.

« Je suis venu voir Metallica. Je suis reparti fan des Nova Twins. » Entendu au Hellfest

Crédit photo Run to the pict – Hellfest 

Sombre sororité : Asagraum & Witch Club Satan

Asagraum – black metal ritualiste

Dans un genre nommé ultra-masculin et sombre, elles imposent une noirceur féminine et ritualiste.

« C’est comme tomber dans un puits sans fond… avec des blast beats. »

Et elles seront au Muscadeath en septembre !

Witch Club Satan – nudité et rituel comme arme politique

Leur performance est un manifeste : le corps féminin n’est pas objet, mais rituel.

« Ce n’est pas une provocation gratuite. C’est une réappropriation du corps et du pouvoir. »

Analyse chiffrée : pourquoi c’est plus qu’un problème esthétique

Ces chiffres même si ils concernent la scène anglaise et datent un peu,

montrent un phénomène structurel : un goulot d’étranglement persistant, qui atteint les têtes d’affiche comme la composition instrumentale, le nombre de musiciennes dans les rangs des groupes.

On m’a dit une fois, » j’embaucherais des groupes de femmes quand ils seront bons », ben il y en a et ils sont invisibilisés.

C’est pas simple de sortir du lot quand on ne vous regarde pas, mes Madam avaient publié des phrases entendues assez …. Allez sur leur Insta, regardez, vous vous ferez une idée !

Et on ne parle pas ici de ce qui se passe derrière la scène avec l’invisibilité des techniciennes etc

car là c’est vraiment une mise au ban comme ce que vit Karen de Sueur de Metal qui malgré un taff incroyable

est invisible… Il est temps que ça change !

Sexualisation : l’obstacle invisible

Le regard masculin reste la norme dans notre société.

Les musiciennes sont évaluées sur leur look plus que sur leur talent. Certaines s’émancipent avec style :

• Doro a refusé de céder aux clichés.

• Alissa utilise son image pour porter un message.

• Courtney fait du maquillage un outil d’expression.

• Delilah et Nova Twins le retournent en force.

• Witch Club Satan le transforme en rituel politique.

Mais le problème ne disparaît pas ; il est structurel, et les données le confirment hélas.

Conclusion : fissurer le cuir clouté

Le métal se dit rebelle, mais il reproduit un patriarcat classique.

Pourtant, des femmes le métamorphosent,

celles dont nous avons fait notre exemple ici ce jour sur le blog mais aussi bien d’autres comme Sun, Lucie Sue,

Nervosa, Chloé Trujilo (invisibilisée aussi à cause de son super célèbre mari) etc

Il va falloir élargir les scènes, les têtes d’affiche, et les regards et c’est à nous de changer cela

et si on le fait pas pour nous, ce sera pour nos filles, pour les générations à suivre.